16

 

Rares sont les savants de haut niveau qui ignorent le besoin d’être un jour reconnus. Aspiration légitime dont la vanité altère l’innocence. Jessy Flanagan n’échappait pas à la règle. Ses travaux dans le domaine du transfert de l’intelligence humaine en intelligence artificielle étaient parvenus à un niveau où la réussite ne faisait plus aucun doute. Elle pouvait désormais capter la connaissance de n’importe quel cerveau, l’enregistrer et la conserver dans un état très proche de celui de l’original. Mais, bien plus qu’une simple mise en mémoire sur un ordinateur, le potentiel recueilli avait la faculté de se comporter comme une machine pensante et raisonnante. Désormais, plus rien ne se perdrait de la Connaissance, des hommes exceptionnels disparaîtraient, mais leur mémoire et leur savoir-faire continueraient à exister. Personne n’avait été aussi loin en ce domaine, et Jessy Flanagan était en droit de s’estimer satisfaite. Il ne lui restait qu’à choisir la procédure qui révélerait au monde le résultat de ses recherches et les immenses possibilités qu’elles offraient à l’homme du xxie siècle. Informer les Titulaires lui était apparu comme la première étape. Elle avait donc demandé à Victor Pevsner et à William Ashby de venir au Stanford Institute pour assister à une démonstration. Après, elle ferait, selon l’usage, sa communication au monde scientifique. Les médias feraient le reste.

Ils se trouvaient tous trois au cœur même du laboratoire de recherche, au centre d’une immense pièce aveugle entièrement tapissée de consoles, de pupitres, d’écrans, d’appareils de mesure, de bancs de reproduction et de lecture. La technologie la plus avancée dans le domaine de la programmation informatique. Victor Pevsner et William Ashby confortablement installés dans des fauteuils pivotants faisaient face à Jessy Flanagan. Un peu à l’écart, nonchalamment accoudé sur son pupitre, John Devaal attendait, avec son éternel sourire en demi-teinte.

Jessy Flanagan accepta la Camel et la flamme du briquet que lui tendait son assistant.

Elle souffla la fumée de la première bouffée en direction des deux Titulaires, soucieuse d’alléger l’atmosphère solennelle qu’elle avait installée pour cette communication en « avant-première ».

Victor Pevsner se tenait bien droit sur son siège, son beau visage d’Asiate buriné et comme lassé d’en avoir trop vu ; William Ashby un peu plus avachi, mais toujours tiré à quatre épingles, la regardait d’un œil sceptique.

— Messieurs, vous allez pour la première fois pouvoir constater les possibilités offertes par Sissy.

Elle pivota élégamment, désignant les appareils qui les entouraient.

— Sissy, c’est tout ça, précisa-t-elle. A Zurich, je vous ai expliqué le principe et le but de l’opération, il me restait à vous en faire la démonstration. L’homme que vous allez interroger se trouve ici même, dans les locaux du Stanford Institute. Pourtant ce n’est pas avec lui que vous allez dialoguer maintenant, mais avec ceci.

Elle tenait devant elle un disque métallique qu’elle agita deux ou trois fois avant de le tendre à John Devaal.

— Ce disque laser, outre qu’il résiste au feu, au gel, à l’humidité et au temps, contient bien plus que la mémoire de Joseph Steinfeld : sa connaissance et son savoir-faire. Sissy possède la faculté de raisonner comme le fait un cerveau, à peu de chose près. Je vous propose donc de lui poser autant de questions qu’il vous plaira et, ensuite, en fonction des réponses que vous aurez obtenues, d’interroger Joseph Steinfeld lui-même. Vous pourrez comparer ainsi l’original et son modèle et vous faire, je pense, une idée assez exacte des possibilités offertes par cette technologie. Dois-je vous préciser avant de commencer que le professeur Steinfeld se trouve actuellement dans le petit salon avec le directeur de l’Institut, et qu’il lui est impossible de savoir ce qui ce passe ici.

William Ashby daigna lever son regard dans la direction de la jeune femme.

— Pouvons-nous lui poser n’importe quelle question ? demanda-t-il en souriant.

Pevsner semblait lui aussi sceptique, mais il s’abstint de tout commentaire.

— William Ashby, répondit Jessy Flanagan, Steinfeld est un futurologue spécialiste de la biologie évolutive, c’est la raison pour laquelle il a été sélectionné ; vous pouvez laisser de côté les questions concernant sa vie privée.

— Un futurologue, fichtre ! s’exclama Ashby, c’est là une forme supérieure de philosophie.

— Je vous en prie, Ashby, ne vous moquez pas, répliqua la jeune femme.

Se tournant vers John Devaal, elle ajouta :

— John, tout est en ordre ?

— Quand vous voudrez, dit-il.

— Et bien, lança Pevsner, me voilà bien avancé, que voulez-vous que je demande à un futurologue ! J’ai l’impression de me trouver en face d’une de ces machines de foire qui prédit l’avenir. Qu’en pensez-vous, Ashby ?

— C’est tout simple, demandons à cette disquette intelligente ce qu’est la futurologie tout bêtement, je n’ai pas réussi à le savoir jusque-là.

— O.K., Jessy, dit Victor Pevsner, posez-lui cette question.

Pendant que John Devaal claviait sur les touches, Jessy Flanagan précisa :

— Dans sa version définitive, Sissy pourra être interrogée directement par la voix et elle répondra de la même façon. Approchez-vous de l’écran et préparez-vous à poser d’autres questions, cette disquette est extrêmement pertinente.

Déjà, la réponse s’inscrivait ligne après ligne, sur l’écran : « La futurologie est une recherche spéculative sur le futur à partir d’hypothèses vérifiées. Elle s’efforce de prévoir le sens de l’évolution de l’homme et de la planète dans les domaines politique, économique, technique et démographique. »

Il y eut une courte interruption, mais l’écran recommença à s’animer avant que William Ashby ou Victor Pevsner n’ait eu le temps de poser une autre question : « La futurologie générale, par opposition à la conjecture à court terme sur un sujet précis, est fort déconsidérée. Elle est pourtant essentielle pour saisir le sens de notre évolution, en tirer les conséquences et en retarder les échéances inévitables. »

— Formidable ! s’exclama Ashby, non seulement votre disque a des idées, mais elles peuvent être fausses ou erronées tout comme un vrai cerveau, Jessy Flanagan.

— Retarder les échéances ! s’étonna Victor Pevsner. Pourquoi ? Seraient-elles nécessairement catastrophiques ?

John Devaal claviait en même temps. La machine répondit aussitôt : « La futurologie ne juge pas en terme de pessimisme ou d’optimisme, elle interprète ces données en prolongeant les lignes de force de l’humanité. La population humaine s’efforce de vivre jusqu’aux extrêmes limites de la subsistance possible. Mais, tout comme un gaz en expansion, elle est limitée dans sa croissance par les parois du récipient qui la contient. L’état final prévisible n’est pas le maximum de prospérité, mais le maximum en quantité d’une population vivant au bord de la pénurie et de la famine. »

— Oh là ! intervint Victor Pevsner en se rejetant en arrière, voilà qui est plutôt simpliste !

Ce n’était pas une question, mais John Devaal avait spontanément tapé la phrase sur son clavier et l’écran réagit dans l’instant : « Exact, la futurologie se déplace en suivant des raisonnements apparemment simplistes mais qui ont tous un fondement de vérité. C’est sa limite, mais aussi sa force. »

— Mais, intervint William Ashby, vous excluez de votre raisonnement la faculté d’adaptation de l’intelligence humaine ! Nous connaissons les pièges que côtoie notre société. Nous essayons de les contourner.

« Cela ne change rien aux lois de l’évolution. Les biologistes, et plus particulièrement les généticiens, ont exagéré la puissance de la sélection naturelle, mais au-delà de leur théorie discutable sur le hasard créateur, ils n’ont pas exagéré la toute-puissance de la sélection éliminante négative. La vie n’est pas un phénomène instantané, elle est, à condition d’être dans la durée. Un peuple n’est pas un ensemble d’hommes et d’institutions seulement cohérents dans le présent, hommes et institutions tendent vers la durée. Si l’on induit un peuple à des actes qui ne servent que l’utilité immédiate, à une politique au jour le jour, à une consommation sans investissement et à une libération sans contrôle, ce peuple n’est plus un peuple mais une foule en train de se détruire, résidu d’un peuple assassiné ou suicidé. »

— Passionnant, Jessy ! s’exclama William Ashby. Vous avez réussi à mettre en conserve un vieux cerveau rassis, mais ça fonctionne à merveille. N’oubliez pas que j’ai apporté avec moi le film de mes images mentales, je tiens à ce que vous le voyiez.

— Parlons de génétique, Ashby. Posez vos questions.

— D’accord. Ce dialogue avec une machine commence à m’exciter terriblement.

 

T.E. Carlson soupira un grand coup. Il commençait à en avoir par-dessus la tête de ce petit jeu, mais il ne voulait pas perdre une miette de ce qui se disait dans le laboratoire du Stanford Institute. Le Ford stationnait dans le parking, noyé dans la masse des véhicules qui s’étendait à perte de vue. En trois jours, Josty avait réussi à parfaire l’équipement de ce minicar, officieusement prêté par une antenne de la N.S.A. Ils étaient, comme on dit en terme de métier, branchés à cent pour cent. Deux jours auparavant, Jost Swade s’était introduit sans difficulté à l’intérieur de l’Institut avec un uniforme et un ordre de mission de la compagnie des téléphones. En l’espace de quelques heures, il avait effectué ses branchements et placé une antenne sur la terrasse la plus élevée. Il pouvait capter le son provenant du laboratoire et du bureau de Jessy Flanagan ainsi que les fréquences émises par les appareils. Tout fonctionnait à merveille, y compris l’inévitable film porno devant lequel il se tenait assis, une boîte de Budweiser à la main, laissant à T.E. Carlson le soin de suivre les débats. Par sécurité, Carlson avait demandé à ce que toutes les images qui passaient sur les écrans soient enregistrées sur bande vidéo.

T.E. Carlson consulta sa montre une fois de plus. Les Titulaires discutaient dans ce maudit laboratoire depuis plus de trois heures. Il commençait à se lasser de ces questions-réponses auxquelles il ne comprenait pas grand-chose. Ce n’était d’ailleurs pas son problème, Arnold Wellman apprécierait et ce serait à lui de trier le bon grain de l’ivraie, en supposant qu’il se trouve un seul bon grain dans ce fatras scientifico-philosophique.

T.E. Carlson ne souhaitait qu’une chose. Que rien ne se passe et que Wellman mette un terme à cette filature. Wellman l’avait promis et il était un homme de parole. Ou bien, pensa Carlson, il engagerait un autre enquêteur. Il n’était pas le seul à faire ce putain de métier. Il en connaissait une bonne demi-douzaine qui ne demanderaient pas mieux que de se lancer dans ce genre d’aventure.

La réunion des Titulaires semblait marquer le pas. Pevsner et Ashby en avaient terminé avec leurs questions, il y eut un silence au bout duquel la voix de Jessy Flanagan se fit entendre.

— John, fit-elle, téléphonez au bar et demandez-leur un plateau de sandwichs et quelque chose à boire. Un paquet de Camel aussi, je n’en ai plus.

— A vos ordres, miss, lança la voix ironique de l’assistant.

— Dites-moi, Jessy  – c’était Pevsner qui parlait maintenant  – qu’est-ce que vous comptez faire ? Avez-vous l’intention de livrer Sissy au domaine public ?

— Pourquoi pas, rien ne relève d’un quelconque secret militaire. Le Pentagone ne s’intéresse pas à ce genre de recherche, tout au moins pour le moment. Le procédé n’est pas suffisamment au point, pas question de le commercialiser. Mon intention est de l’exploiter ici même. Je vais constituer une banque de données, la Brain’s Bank of Stanford Institute. Le programme s’échelonnera sur plusieurs années. Après, on verra. Je ferai une communication le moment venu, mais d’ici là Sissy reste propriété privée... Merci, John. Messieurs, servez-vous. Ce sont les sandwichs maison. Ne nous en veuillez pas trop pour la médiocrité de notre pain de mie. Tout est encore loin d’être parfait ici...

— Est-ce que je peux me porter candidat pour vous léguer mon savoir, intervint la voix d’Ashby, ou dois-je attendre d’avoir atteint un âge respectable pour vous en livrer tout le suc ?

T.E. Carlson soupira. La rencontre tournait à la réception mondaine ! Il eut envie de tout débrancher et de plier bagage. Seule l’idée d’arracher Josty à son film le retint.

— Ashby, ne plaisantez pas. Je vous souhaite de mourir le plus tard possible, et j’espère que vous pourrez faire profiter le monde de vos connaissances.

— Je vous signale que je me suis fait filmer le cerveau il y a moins d’une semaine, chère Jessy. Au point où j’en suis, je peux vous livrer absolument tout ce que je sais, la vie est tellement pleine d’imprévu !

— Voilà bien votre humour, Ashby, répliqua la voix de la jeune femme, anglais et noir au possible.

— Au fait, Ashby, dit Victor Pevsner, comment s’est passé votre entrevue avec le Japonais ?

— Oda Sukumi est absolument génial, répondit William Ashby, ce n’est pas un cliché. Lisez mon rapport, il n’y a pas à dire, la nouvelle génération ne doute de rien, Sukumi m’a totalement convaincu.

Un silence d’une dizaine de secondes permit à T.E. Carlson de changer de position en se demandant pourquoi il était devenu tout à coup si attentif. Ce fut Pevsner qui reprit la parole.

— Vous avez vraiment l’intention de le désigner comme votre successeur ?

— Oui, mais il n’est pas question de vous forcer la main, j’ai avec moi une copie des images mentales réalisées par Sukumi. Nous allons commencer par là si vous voulez bien...

T.E. Carlson s’écarta de l’écran qui se trouvait près de lui, relâchant son attention. Il connaissait le film et il n’avait pas envie de le regarder une fois encore. C’était la fin de la séance et elle n’avait rien donné. Tout comme à Zurich et à Tokyo, il revenait bredouille, mais cette fois, il en était ravi. Le vieux Wellman n’avait plus qu’à aller se faire examiner par un spécialiste pour cause d’imagination excessive.

Le film défilait devant lui, sans intérêt. Dans le fond, il n’y avait jamais cru. Dès le tout début. Qu’un vieux savant à la retraite se soit fait sauter le caisson avec sa famille, qu’un chirurgien ait craqué au milieu d’une opération, ce n’étaient là que deux faits divers comme il y en avait des centaines chaque semaine dans les journaux. Tout le reste n’était que le fruit d’une imagination maladive, Ashby, le cahier bleu et les petits dessins.

Brusquement l’écran du récepteur se transforma en un miroitement de petits points lumineux : le film des images mentales du cerveau de William Ashby était terminé T.E. Carlson coupa délibérément le son, il s’étira en se massant la nuque, convaincu d’en avoir enfin terminé avec cette galère.

— Passe-moi une bière, Josty, dit-il.

Il ferma les yeux, continuant à se masser voluptueusement la nuque. Wellman ne pouvait rien lui reprocher, il avait fait le maximum, mais... le papillonnement de l’écran continuait à danser devant lui, lancinant, comme pour le ramener une fois encore sur ces images obsédantes. Et, tout à coup, il perçut la différence.

— Nom de Dieu, s’écria-t-il, Josty, il y a quelque chose qui ne va pas dans cette bande !

Josty lui tendit une boîte de bière.

— Qu’est-ce qui ne va pas, chef ? Ce n’est pas le cerveau d’Ashby ?

Carlson pointa son doigt en direction de l’écran.

— Reviens en arrière et repasse-moi le film, je suis sûr que je ne me suis pas trompé. Nom de Dieu !

— Accouchez, chef, vous me faites languir.

— Il manque quelque chose sur cette copie, Josty, tu vas voir.

Ils repassèrent le film plusieurs fois dans tous les sens, en avant, en arrière, à vitesse rapide et image par image, mais rien n’y fit : le coup de flash qui les surprenait toujours à la cent soixante-troisième seconde avait complètement disparu. Pourtant, il s’agissait bien de la même bande. Ils comparèrent la copie avec celle qu’ils avaient piratée dans le laboratoire du Japonais, pas une image ne manquait, sinon que le coup de flash n’était plus là. Il avait été comme effacé, s’était volatilisé, laissant derrière lui les images du cerveau d’Ashby intactes.

Josty eut une moue pour conclure :

— Un mystère, chef. Je me demande si on ne vient pas de mettre le doigt sur quelque chose d’ultra-sensible. C’est pas votre opinion ?

T.E. Carlson ne répondit pas. Le destin soufflait à nouveau dans le mauvais sens. Son intuition lui disait que Josty n’était certainement pas loin de la vérité. Cette disparition dont il ne pouvait estimer l’importance risquait fort de relancer la partie qu’il avait crue un moment terminée.

Ce soir-là, jeudi 5 juillet, il se passa encore deux faits notables. T.E. Carlson, pressé d’en finir, décida de précipiter le mouvement. Il se fit conduire à l’aéroport et prit le vol d’American Airways 628 de 22 h 45 en direction de Boston pour rejoindre Arnold Wellman, avec les deux copies du film du cerveau de William Ashby sous le bras. Au moment où le Bœing survolait les lumières de Los Angeles, Jessy Flanagan et Victor Pevsner pénétraient dans la suite numéro 7 de l’hôtel Bellevue. Un regard échangé, à l’instant de se quitter dans le hall du Stanford Institute, les avait brusquement rapprochés. Cette soudaine complicité, qui les avait surpris tous les deux à la manière d’un reflet dans un miroir, avait anéanti en une seconde toutes les réserves qu’ils s’étaient imposées jusque-là.

— Que faites-vous ce soir ? avait dit Victor Pevsner.

— Comme d’habitude, Vie. Absolument rien.

— Dînons ensemble, voulez-vous ?

Pour toute réponse, Jessy Flanagan sourit à Victor Pevsner et accepta le bras qu’il lui offrait.

La guerre des cerveaux
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